Séverine Cressan, Nourrices

Dans ce village, c’est du corps des femmes qu’on tire l’argent qui fait vivre les familles. Car ici, on vend une denrée précieuse : le lait maternel. Sylvaine, son garçon à peine sevré, accueille chez elle une «petite de la ville». Mais une nuit, en pleine forêt, elle découvre un bébé abandonné et, à ses côtés, un carnet qui raconte son histoire. Elle recueille ce nourrisson avec lequel elle tisse immédiatement un lien fusionnel. Quand la petite dont elle a la garde meurt, Sylvaine décide d’échanger les bébés. L’enfant mystérieuse se substitue à Gladie, l’enfant de la ville qui lui a été confiée...
Avec ce premier roman sensuel et bouleversant, Séverine Cressan révèle les rouages troublants d’une industrie méconnue. Dans ces pages inoubliables, elle nous entraîne dans un univers où la nature et l’enchantement ne sont jamais loin et réinvente l’histoire de ces mères invisibles.

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  • Séverine Cressan, née en 1976 dans la région lyonnaise, a enseigné l français en France, en Allemagne et en Belgique. Elle vit aujourd’hui sur la côte Atlantique, au sud de la Bretagne.
  • Si Nourrices explore les arcanes de cette maternante profession, il ne s’agit pas pour autant d’une archéologie de la puériculture. Ici, le tableau est plus littéraire que sociologique. Les couleurs sont celles des émotions, le dessin figure les délinéaments de l’âme.
  • Quelle merveille que ce livre ! Tant par le style que par la construction...
    Je sors de ce livre à la fois bouleversée, émue, attendrie, enchantée.... Le lien de Sylvaine à la nature, le rapport au corps, une écriture sensuelle et tendre pour une histoire qui ne l’est pas tant que ça.
    Au-delà du fait historique que je connaissais peu et qui m’a passionnée, j’ai tellement aimé le style de l’autrice. Un roman vibrant, organique, à la fois ancestral et d’une folle modernité. Le chœur des enfants résonne en moi, et celui des nourrices avec.
    C’est un texte singulier, abouti, un mélange de conte gothique parfois cruel, féministe, sororité entre ces femmes peu maitresses de leur corps et de leur vie, une très belle écriture qui sert un univers historique et fantastique. Je suis très sensible au style, aux mots, et j’ai été servi.
    J’ai tout aimé dans ce roman, l’ambiance mystique et presque parfois pesante de la forêt, le lien instantané qui s’est installé entre Sylvaine et l’enfant de lune, l’entraide et la sororité entre les femmes... J’ignorai complètement l’existence de ce commerce si particulier du lait maternel.
    Un magnifique roman. Quelle belle surprise, quel texte bouleversant…
    Une thématique, intéressante, importante... Il y a une belle sororité entre ces femmes, j’ai adoré cette lecture !
    De très belles pages sur la maternité, sur la puissance de la nature, portées par une écriture très sensuelle.
    Une révélation. Mais quel roman! Quel premier roman !
    La découverte de ces femmes qui aident leurs familles à survivre financièrement grâce au don de leurs corps et leur lait à été une expérience bouleversante. Du sacrifice, du don de soi mais aussi beaucoup de fierté, de tendresse et d’amour
    Un premier roman puissant, impossible à lâcher. Une écriture tout en justesse et en sensualité. Un incontournable de la rentrée littéraire.
    Quel magnifique texte que ce livre de Séverine Cressan ! L’autrice a su écrire un roman social qui ne tombe pas dans le pathos. Les personnages sont puissants, le style sonne juste et l’histoire nous emporte.
    Je suis tout à fait conquise, que ce soit par l’écriture, la forme ou le sujet. Un coup de coeur !
    Un livre incroyable qui a ce côté entêtant, immersif qui donne envie de le partager, de le faire lire à tous. Un livre merveilleux qui subjugue.
    Un magnifique premier roman avec une écriture ciselée et fine. Une thématique passionnante et des personnages que l’on n’oublie pas. Un décor majestueux où la nature est dépeinte dans toute sa beauté et sa dangerosité. Une très belle histoire sur la maternité, la violence des hommes, la transmission et la féminité.
    C’est incroyable . La nature, les femmes, le mystère entre elles, la naissance, la perte...C’est poétique et ça remue les tripes. J’ai été emporté, je l’ai commencé un matin et je le lisais dès que j’avais cinq minutes. Je l’ai fini le jour même..
    Une lecture emplie de poésie et de jolis mots pour traiter des femmes, de leur animalité nourricière, des sensations de l’allaitement, la relation au corps lors d’une maternité, cette magie de l’enfantement et l’emprise des hommes.
    L’écriture est belle, poétique, sensorielle, l’histoire est bien évidemment atypique - peu de livres traitent de ce sujet - je suis conquis !
    Le récit est extrêmement bien écrit, j’ai été immédiatement transportée à l’intérieur de l’histoire et j’avais la sensation de pouvoir sentir chaque odeur, chaque émotion et voir très clairement les paysages tellement les descriptions étaient bien exécutées.
    J’ai été particulièrement touchée par la poésie de l’autrice qui nous emporte dans ces destins parfois brisés, bordés par une nature grandiose. Une ode magnifique à la puissance de la nature et de l’amour maternel… Quel tour de force pour un premier roman !
    Un très beau roman à la fois sur le sujet principal de la maternité et historique, laissant la part belle à un élan de sororité.
    C’est avec une écriture précise, sensible, lumineuse et empreinte de poésie, que ces femmes, leur solidarité et la beauté du lien avec « leurs » enfants nous sont racontés. Une lecture dont on ne ressort pas indemne et qui nous imprègne pour longtemps.
    C’est à la découverte d’un métier d’antan et d’une époque révolue que nous convie Séverine Cressan dans son premier roman. Un temps où le lait des femmes était une marchandise, gouvernée par les hommes. Au gré de sa langue charnelle, nous voguons dans l’intimité de femmes, intensément liée à la nature et à ses bouleversements.
    C’est rond et plein comme une lune rousse, sensuel et immersif. C’est beau, ardent, brûlant et tumultueux. C’est un immense coup de cœur.
    Un magnifique premier roman. Il est beau, poétique et hors du temps.
  • Lorsque La Chicane était entré dans le lavoir, toutes les femmes avaient interrompu leur travail. Manches retroussées, perles de sueur roulant sur les visages et dans les cous, mains rougies par le froid et les frottements, elles avaient attendu qu’il prenne la parole. Il s’était adressé à Sylvaine sans préambule, en fixant le ventre protubérant de celle-ci.

    «Ça va plus tarder apparemment… As-tu déjà pensé à te louer comme nourrice ? Ça rapporte bien, tu sais. »

    Cette question n’attendait pas de réponse. Le meneur savait parfaitement que, comme toutes les filles et femmes du village Sylvaine avait envisagé la possibilité de vivre de son lait, voyant le quotidien des nourrices amélioré grâce à l’élevage des petits de la Ville.

    « Je vais t’expliquer comment ça se passe. Au début, tu t’occupes de ton petit comme si de rien n’était. Dès que ta production de lait est bien installée, tu peux en prendre un autre en nourrissage. Là, tu dois choisir. Tu peux te louer comme nourrice sur lieu, ça veut dire que tu t’installes dans une famille à la Ville et que tu nourris l’enfant sur place. Le tien, il faut le laisser ici, bien sûr, et le donner à élever à une voisine contre dédommagement. Ça paie bien, mais ton petit, tu le vois pas souvent et tu deviens pour ainsi dire la mère d’un autre. Je te conseille plutôt de devenir nourrice à emporter. Ça veut dire que le nourrissage, tu le fais ici, chez toi, t’as pas besoin de quitter ton homme ni ton petit. L’argent, c’est moi qui te le ramène à chacune de mes tournées. »

    Pendant qu’il parlait, Allouïn scrutait avec attention la jeune femme, se croyant capable de repérer une bonne laitière à la couleur de son teint et de sa chevelure, à sa constitution physique et notamment au volume et à la forme de sa poitrine. Sylvaine s’était sentie évaluée comme si elle était
    une bête destinée à l’abattoir dans laquelle l’œil exercé du boucher reconnaît et découpe par la pensée les meilleurs morceaux. Elle n’avait pas
    écouté les paroles du meneur, sachant qu’il ne s’agissait dans cette approche invariable de La Chicane que de l’étape initiale de la procédure
    bien rodée du recrutement, semblable au premier cercle décrit par un félin autour de sa proie, lui permettant d’estimer le gain ou le plaisir qu’il
    pourra en tirer. Apparemment convaincu par son analyse visuelle, celui-ci avait clos l’entretien par cette injonction :

    « Pense à tout ça et viens me voir quand ton petit sera sevré. »

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